Un public composé majoritairement de quinquas et sexagénaires a applaudi à tout rompre Best of Floyd, l’un des meilleurs tribute bands français, à la Bourse du Travail de Lyon. Il y avait aussi des kids venus écouter la musique de leurs parents quand ils étaient jeunes.

Depuis quelques années, les “tribute bands” pullulent. Ces groupes recréent à l’identique – ou presque – les ambiances scéniques et musicales développées par des groupes mythiques Genesis (Musical Box), Led Zeppelin (Let’s Zep), Queen (Cover Queen) ou encore Pink Floyd (BritFloyd, Australian Pink Floyd Show). La France n’est pas en reste et peut se targuer d’une dizaine de groupes qui consacrent leur énergie à rejouer la musique de Roger Waters, David Gilmour, Rick Wright et Nick Mason. La nostalgie marche à fond, tant il est vrai que le groupe d’origine n’existe plus en tant qu’entité scénique.

Best of Floyd_mars 19_Lyon

Pendant deux heures, plus un entracte, Best of Floyd a donc enchanté un public conquis qui s’est régalé de morceaux issus principalement de l’album Wish you were here (1975), mais aussi des incontournables Dark side of the moon (1973) et The Wall (1979), plus quelques pépites ultérieures de A Momentary lapse of reason (1987) et The division Bell (1994). Le show commence à 20 heures pétantes, alors que des spectateurs continuent de se presser dans la salle, dont le parterre est plein. Le très planant “Shine on you crazy diamond” constitue une entrée en matière idéale. Par la suite, une mention particulière à “Welcome to the machine”, titre issu du même album. Les trois choristes féminines (Emilie Collomb, Marina Claire et la régionale de l’étape Noémie Lacaf) se déhanchent avec sensualité sur la rythmique du batteur Yannick Mestrallet. Le saxophoniste Richie Cundale fait preuve d’une belle agilité pour jongler avec deux instruments à la fois (“mon collègue de l’Australian Pink Floyd Show ne sait pas le faire” me confia-t-il en “off” après le spectacle).

Le light show est certes moins grandiose que l’original (pas de grande roue), mais intègre moult lasers pour soutenir efficacement la musique. Bien sûr, les fans pointilleux tendront l’oreille pour traquer les écarts par rapport aux chansons originales. Ils auraient tort, car Best Of floyd a su parfaitement s’approprier cette musique si typique d’une époque – les seventies principalement – sans la parodier à la note près, ce qui présenterait peu d’intérêt. On note par exemple que le groupe a recréé des extraits de voix synthétiques plutôt que de les sampler.

Les fans pointilleux tendent l’oreille pour traquer les écarts par rapport aux chansons originales. A tort, Best Of floyd a su s’approprier cette musique sans la parodier

Le guitariste et chanteur Bertrand Lefebvre avait 15 ans en 1979 lors de la sortie de The Wall, un album qui l’a profondément marqué. Son jeu à la fois fluide et incisif donne le tempo du groupe, soutenu par un chant tout en nuance. Il est secondé par Stéphane Viard, qui officie également à la pedal steel – particulièrement remarquable sur l’introduction de “The great gig in the sky”, à la suite de laquelle chaque choriste reprendra LE solo aérien, point d’orgue de l’album mythique Dark side… Richie Cundale raconte dans la présentation de ce morceau que Clare Torry, la choriste d’origine, a totalement improvisé dans l’instant – “just a job to do” – et ce n’est qu’à la sortie du disque qu’elle a entendu sa performance, car aucun des membres du Floyd ne lui avait dit quoi que ce soit en studio.

La setlist générale est relativement classique, mais Best of Floyd a réservé une belle surprise au public, sous la forme d’un medley “spécial sixties”, en hommage au tout premier album de Pink Floyd et à son leader allumé des débuts, Syd Barrett. On écoute avec plaisir des bribes de “See Emily Play” mais aussi du très rare “Paintbox”, une composition très beatlesienne de Rick Wright, le tout avec un accompagnement de cuivres rutilants.

Il y aura plusieurs moments marquants dans la seconde partie du set. “One of these days” est lancé par le bassiste Yves Rabiller – qui a vu Pink Floyd sur scène en 1977, lors de leur passage mémorable à Pantin. Le public frappe dans ses mains comme un seul homme. Sur “Another brick in the wall”, c’est carrément une standing ovation qui est faite à Bertrand Lefebvre. Elle sera répétée à la fin de “Comfortably numb”, qui intègre probablement LE solo le plus mémorable de David Gilmour, le guitariste originel de Pink Floyd dont le dernier passage en France remonte à 2016, son compère Waters le suivant deux ans plus tard. On se croirait à Star 80, tellement on est surpris par la ferveur qui se dégage de ce public.

Chaque musicien a son petit moment de gloire. Le claviériste Sébastien Ducroux tisse une nappe de notes moelleuses et on se rend compte rétrospectivement de toute la finesse de jeu du trop discret Rick Wright. Le show se termine par un “Run like hell” quasi-hard rock et un “Mother” émouvant. A peine sortis de scène, le groupe au grand complet attend le public dans le hall de la Bourse du travail. Un petit mot est échangé avec chaque membre, qui dédicace de très bonne grâce le programme. Bertrand Lefebvre reconnaît avec une grande humilité que Best Of Floyd n’est pas le seul “tribute band” français, loin de là. Il fait nuit maintenant. La lune est de sortie pour un dernier gig.

Reportage et photos : Patrick Ducher

3 extraits du concert


Extrait 1 : Another brick in the wall, Medley psychédélique, Welcome to the machine

Extrait 2 : Time


Extrait 3 : The great gig in the sky

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