Noël s’approche dangereusement et il vous manque toujours des cadeaux ? Pas de panique ! Bertrand Lamure de la Librairie des Marais vous donne des idées avec ses coups de cœur BD et polar de la fin d’année, Shangri-la, de Mathieu Bablet et La Rage, de Zygmunt Miloszewski
Bande dessinée : Shangri-la, de Mathieu Bablet
Dans un futur lointain, les hommes ont fini de ravager la terre, devenue inhabitable.
Ils vivent désormais parqués au sein de vastes vaisseaux, dans leurs cases individuelles identiques, concernés par les mêmes problèmes, défendant les mêmes valeurs, tous dirigés par une même multinationale, omniprésente et omnipotente, pour laquelle ils travaillent et consomment.
Un espoir demeure : Shangri-la, la région la plus hospitalière de la planète Titan, qu’ils souhaitent coloniser, leur fait croire à un possible renouveau, tandis que dans les souterrains des vaisseaux, la rumeur d’une révolte gronde contre l’ordre établi et son inacceptable routine, sans saveur, sans promesse.
Mathieu Bablet, jeune auteur français, nous fait découvrir à travers cette bande dessinée un univers totalitaire sclérosé et étouffant, nid d’un déterminisme aliénant et de sa nécessaire révolte, parce qu’il prend les airs d’un ordre naturel imposé aux hommes orphelins de terre et d’individualité propre.
Une belle réflexion de science-fiction sur le devenir de l’homme pris au piège de l’hégémonie et la puissance des pouvoirs en place, rendue à travers un dessin étonnant.
Un très bel objet, à mettre entre toutes les mains, fruit d’un travail minutieux et inspiré.
Polar : La Rage, de Zygmunt Miloszewski
Troisième et dernier volet des aventures du procureur Teodore Szacki par le maître du polar polonais, Zygmunt Miloszewski. Après Les Impliqués et Un fond de vérité, La Rage continue d’inscrire son auteur parmi les écrivains phares d’aujourd’hui. Il est question cette fois-ci de la famille, des femmes qu’on a perdues, des enfants qui restent et qui continuent à maintenir le lien rompu, du vide que ces pertes installent, de ces bouleversements internes qui rejaillissent sur la vie de tous les jours et qui nous rendent parfois absents à ce qui nous entoure.
Le procureur Szacki, perturbé par les tourments de sa vie personnelle, ne va pas prendre toute la mesure de la peur d’une femme pour son mari, et la possibilité d’une violence conjugale va devenir une sanglante réalité, irrémédiable.
Ce roman noir est fin, hyperréaliste, intense et cruel. A lire absolument !