Chaque mois, Rodolphe Donati, directeur des cinémas de Villefranche, Eden, Rex et 400 Coups, nous conseille un film à découvrir pour ses qualités objectives, mais aussi à partir de ses propre goûts.
Ce mois, il nous parle de Elle, le nouveau film de Paul Verhoeven, qu’il a découvert au festival de Cannes, et à qui il aurait volontiers décerné la Palme.
Elle de Paul Verhoeven
Avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Anne Consigny, Charles Berling et Virginie Efira.
Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d’une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d’une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s’installe alors entre eux. Un jeu qui, à tout instant, peut dégénérer.
L’avis de Rodolphe Donati :
» Elle, le nouveau film de Paul Verhoeven c’est un peu un Chabrol en plus sulfureux, délicieusement pervers et ludique… Ou un Hitchcock actuel ! Et quel casting ! Pour son premier film en français, Verhoeven a fait des choix vraiment intelligents et osés : Isabelle Huppert en chef d’entreprise venue du monde de l’édition est géniale. Elle est proche des rôles qu’on a l’habitude de la voir jouer, mais elle se donne vraiment à fond. Quant à Laurent Lafitte, il ne faut pas trop en dire pour ne pas déflorer l’histoire, mais son choix est une très bonne idée.
D’un point de vue du scénario, là aussi c’est une réussite, c’est finaud et retors à souhait, sans temps morts. On adhère tout à fait à l’histoire pourtant tordue. C’est en permanence un jeu sur qui est quoi, qui fait quoi.
Alors c’est sur, on est loin des films sociaux qu’on a beaucoup vu à Cannes, souvent ce n’est pas politiquement correct, mais qu’est-ce que c’est réjouissant !
On avait pas vu Paul Verhoeven dans les salles françaises depuis Black Book en 2006 (même s’il a tourné entretemps plusieurs films). Et bien on peut être pleinement rassuré : Elle est un de ses meilleurs films »
Ce qu’en dit Paul Verhoeven :
A l’origine, Paul Verhoeven voulait tourner son film aux États-Unis. Cela s’est révélé impossible : « C’était compliqué, d’un point de vue financier, et aussi artistique : on s’est rendus compte qu’aucune actrice américaine n’accepterait de jouer dans un film aussi amoral. […] Alors qu’Isabelle Huppert, que j’avais rencontrée au tout début du projet, elle était très partante pour faire le film. Au bout de six mois, Saïd [Ben Saïd, le producteur], m’a donc dit : « Pourquoi se bat-on pour faire ce film aux États-Unis ? C’est un livre français, Isabelle Huppert a très envie de jouer le rôle. On est stupides ! » Il avait raison. Rétrospectivement j’ai réalisé que jamais je n’aurais pu faire ce film aux États-Unis avec la même authenticité ».
A voir en sortie nationale au cinéma Les 400 Coups jusqu’au 14 juin