Le théâtre de Villefranche commence l’année dans la folie et la démesure   de Tankred Dorst, via le groupe Fantomas. La troupe lyonnaise est de retour en résidence pour nous proposer 3 jours autour du Merlin ou la Terre dévastée de l’auteur allemand. Avec la première mondiale de Merlin – Quête du Graal (épisode 3), suite de Merlin (épisode 1 et 2) présenté l’année dernière.

 

Après un prologue hilarant et en fanfare, histoire de remettre à niveau les spectateurs qui auraient manqué les épisodes précédents, la troupe – une douzaine de comédiens et un récitant incarné par le metteur en scène Guillaume Bailliart – se met en place, pour une heure époustouflante au sens propre du terme. Entre chants, mimes, acrobatie, dialogues absurdes, le public découvre une version totalement déjantée du plus connu des mythes celtiques.

Contre toute attente, ce que l’on voit sur scène est la transcription fidèle du texte. Seule une scène – le monologue final de Perceval – a été improvisée… puis apprise par cœur, devant sa difficulté.  C’est que suggérer scènes de bataille, fantastique, magie, nombre impressionnant de personnages sans perdre le public en route constitue une véritable gageure.

Le groupe Fantomas s’en sort plutôt bien. Les chants, dans une langue étrange venue du fond des âges, sont fascinants et les comédiens enchainent les prouesses. L’ensemble est plus étonnant que comique. On pourra peut-être regretter que tout ne soit pas de même niveau que le prologue.

Emmanuelle Blanchet

 

Autour du spectacle :

Une Rencontre avec l’équipe artistique est prévue à l’issue de la représentation de vendredi 6.

Antoine Muller (agrégé de philosophie) et Guillaume Bailliart (metteur en scène) animeront samedi 7 à 11 h 30 un café-philo sur le thème   « Merlin – enjeux philosophiques » (durée 1 h environ, gratuit, sur réservation)

Projection du film Monty Python : sacré Graal de Terry Jones et Terry Gilliam (1975 – 1 h 30) samedi 7 à 18 h 30 au cinéma Les 400 coups, suivie d’une rencontre avec un membre du Groupe Fantômas.

Renseignements

 

Merlin - Groupe Fantomas

La répétition générale

La pièce de Tankred Dorst

La pièce Merlin ou la Terre dévastée a été écrite à la fin des années 1970,  et jouée pour la première fois en 1981. Le texte fait plus 250 pages et comprend pas moins de 97 scènes, pour plus d’une cinquantaine de personnages. Au côté des classiques – Merlin, le Roi Arthur, Sire Lancelot du Lac ou la Reine Guenièvre – on trouve Dieu,  des anges, le Diable, des dieux païens, la mort, et de beaucoup plus improbables encore, comme Mark Twain !

Résumé : Dans la légende du Graal, Merlin, né du Diable et d’une mortelle, est enchanteur, devin et conseiller du roi Arthur. Tankred Dorst recrée Merlin, mais à l’âge de la Relativité : certes, on retrouve ici tout le merveilleux de la geste arthurienne (les combats de dragon, l’épée fichée dans la pierre, les envoûtements de la fée Viviane) et le plaisir de réécouter ces histoires (les amours de Lancelot et Guenièvre, l’« innocence » de Perceval, Yvain et son lion). Mais les mythes qui nous hantent sont représentés par la distance et l’ironie.

Ainsi, les chevaliers fraient avec Rothschild, lisent le New York Times ; on surprend le roi Arthur en grande conversation avec Mark Twain, et il peut arriver qu’un spectateur prenne feu en s’asseyant sur le Siège Périlleux.

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