Du 18 novembre au 10 décembre, le sculpteur Jean-Michel Debilly expose ses dernières créations à la galerie Chybulski à Ville-sur-Jarnioux. Une bonne occasion pour Cineartscene de vous proposer à nouveau un portrait de l’artiste réalisé en août 2013.
Rencontre avec Jean-Michel Debilly, sculpteur d’ombre et de lumière, chercheur de forme et de vide, inspiré par la puissance de la nature.
Avez-vous toujours eu envie d’être sculpteur, vous souvenez vous du moment où l’envie est venue ?
Jean-Michel Debilly : Il semble que j’ai commencé très tôt à taper dans des cailloux ! Mes parents m’ont ressorti récemment une photo où j’avais à peu près dix ans, et où je suis avec une broche (ou pointe) et une massette en train de taper dans un énorme bloc de pierre. J’avais demandé à noël une broche et une massette… Pas commun ! En même temps ce n’était pas si clair que cela parce qu’il y a eu des périodes où je suis parti dans d’autres directions. J’ai voulu notamment faire des études d’agriculture pour travailler dans les forêts. Ensuite j’ai bifurqué à nouveau vers la sculpture… C’est en tout cas une vieille histoire.Avez-vous fait les Beaux-arts ?
J-M D : Non, j’ai appris en travaillant avec des sculpteurs. Puis j’ai fait une formation en gravure et graphisme.Avez toujours travaillé la pierre ?
J-M D : Pas seulement. Mon père est menuisier donc j’ai beaucoup sculpté le bois. J’ai travaillé aussi la terre, la céramique. J’ai fait du raku. Mais c’est quand même la pierre qui s’est imposée. C’est le matériau qui me convenait le mieuxY a t-il des artistes qui vous ont influencé, dont vous vous sentez proche ?
J-M D : Oui, surement Ivan Avoscan, qui était un sculpteur de la région, et était prof aux Beaux-arts de Lyon. Moi, je vivais à Caluire. Il y avait une de ses sculptures juste devant l’immeuble où j’habitais. Je passais tous les matins devant. Cela a vraiment été mon premier contact avec la sculpture moderne et cela a surement eu une influence dans mon parcours… Et si on reste dans les sculpteurs français contemporains, il y a aussi Eugène Dodeigne, qui est encore vivant. Et puis Etienne Martin, Anish Kapoor, que je suis depuis longtemps, qui travaille sur la perception de la lumière. Peut-être aussi Andy Goldworthy, le sculpteur écossais qui vient plus du land art, qui fait des installations très proches de la nature et qui travaille beaucoup le volume, le vide…Quels sont vos sources d’inspiration ?
J-M D : La nature, beaucoup, même si mes œuvres paraissent très abstraites et que cela ne semble pas évident. Mes grandes sources d’influence sont surement les lieux où les hommes ont travaillé et transformé la pierre, donc les carrières. J’ai beaucoup exploré celles du sud, semi souterraines et extrêmement belles, magiques, avec la lumière qui rentre dans des grands espaces, un peu comme dans une cathédrale… Et l’érosion naturelle de la pierre faite par la mer, vers ToulonComment se passe la création d’une œuvre ? Commencez-vous par un dessin ?
J-M D : Il peut y avoir un dessin, des maquettes. Souvent des maquettes, ou plutôt une succession de maquette… La maquette sert vraiment à chercher l’idée et à la développer.Quelle matière utilisez-vous pour ces maquettes ?
J-M D : Cela peut-être tout, de la terre, du bois. Pour mes dernières œuvres, j’ai utilisé du polystyrène que j’ai creusé avec de l’acétone… C’est très varié.Est-ce que vos œuvres sont très pensées ou y a t-il une part d’instinct ?
J-M D : Quand je suis sur la maquette, il y a beaucoup de liberté. Il y a l’idée, et puis le travail de la main qui développe l’idée et qui part dans une direction ou dans une autre… c’est le contact constant avec la matière qui fait évoluer la chose. Après, pour la réalisation finale en pierre, cela dépend. Cela peut être vraiment une reproduction précise, mise à l’échelle, de la maquette. Je peux parfois prendre un peu de liberté. Mais c’est une liberté très cadrée. Je ne crois pas trop à l’idée selon laquelle en regardant une pierre, on sait ce qu’il va y avoir dedans, on enlève la matière autour parce que la sculpture se trouve au milieu du bloc. C’est une idée assez romantique, mais pas crédible !Vous séparez vous facilement de vos œuvres ?
Oui. La dernière me sert à faire la suivante, celle qui n’existe pas encore. Ce n’est vraiment pas un problème pour moi.Entretien et photo Emmanuelle Blanchet – 2 aout 2013
Exposition Souviens toi des pierres à voir du 18 Novembre au 10 Décembre, du vendredi au dimanche (15h00-19h00) ou sur RDV.
Rendez-vous le samedi 18 novembre à partir de 17h00 pour le vernissage. Et pour ceux qui ne seraient pas disponibles ce jour-là, séance de rattrapage le dimanche 10 décembre après-midi, avec des impromptus musicaux de la violoncelliste Lucie Lacour.