En juillet dernier, le saxophoniste Lionel Martin a l’idée un peu folle d’une tournée sauvage dans les rues du Nord de la France jusqu’en Belgique, accompagné de Lucien, son fils, talentueux et très jeune réalisateur. De cette expédition riches en rencontres, Lucien Martin, a tiré un court-métrage, Softly as in a morning sunrise (à voir intégralement en page d’accueil), mais aussi une vraie leçon de vie. Il nous en parle en exclusivité…
Comment est né ce projet, et quel était-il exactement ? Est-ce d’abord une idée de Lionel ?
Mon père joue régulièrement dans la rue, et je l’entends depuis plusieurs années parler de ses rencontres souvent exceptionnelles (dont une notamment avec un balayeur poète qui m’avait profondément marqué et dont je me suis inspiré pour « La Vie est Belle »). A l’entendre, il se passait tout le temps quelque chose d’unique… Et moi, évidemment, je regrettais de ne pas avoir été là pour filmer. Alors avec mes vacances anticipées de Seconde cette année, il m’a proposé de partir pendant une semaine avec lui en « tournée sauvage », dans la rue, où on se débrouillerait pour manger et dormir et où on tenterait de remonter jusqu’en Hollande… Au final le projet a quelque peu évolué, mais l’idée de base est restée la même.
Est-ce que c’est facile de filmer le musicien Lionel Martin ? Et le père ?
En fait, le plus dur est de se dire que c’est la même personne. C’est en cela aussi que cette aventure a été initiatique, j’ai découvert que le père EST le musicien. C’est bien plus qu’un travail… Ça fait partie de lui ! Pour moi, il y avait une barrière entre ces deux « facettes », mais non. S’il m’éduque comme ça, c’est PARCE QU’IL EST musicien, ce qu’il m’apprend, il l’a tiré de ses expériences avec la musique. Le vrai « lui », il est là, au cœur de sa façon de se comporter ou de jouer… C’est pour cela que, dans le documentaire, j’ai choisi de le montrer uniquement en tant que musicien, à travers des instants musicaux. Parce que le vrai « lui », sans le masque de père, est là.
Quels ont été les moments forts de cette « tournée sauvage » ?
Les rencontres ! J’ai découvert des gens absolument exceptionnels, humainement. De nous accueillir comme ça, de partager une expérience… Et de se prêter au jeu de l’improvisation « sur le vif » quelques minutes après notre arrivée, où d’accepter de nous faire visiter les villes de l’« intérieur », outre la façade touristique ! Beaucoup de moments très intenses…
Quand tu filmais, avais-tu déjà en tête le film que tu pourrais en tirer ?
J’ai pris beaucoup de notes tout au long de la semaine, des indications concernant les plans, ou des idées de montages… J’avais une idée assez précise de ce à quoi ça pourrait ressembler, mais j’ai décidé de prendre un peu de recul par rapport à toute cette semaine. Finalement, je n’ai pas appréhendé du tout le montage comme je l’avais imaginé durant la petite tournée. On a décidé de ne garder qu’un enchaînement de passages musicaux, qui défilent avec notre passage dans les villes. Parce que ça résumait bien la semaine, on ne faisait presque pas de pause, il jouait, je filmais, on montait dans la voiture direction un autre lieu…
Tu en as fait un court d’une dizaine de minute, est-ce qu’on peut le prendre comme le teaser d’un long métrage ?
Je ne pense pas. C’était une première expérience, un test du concept. J’ai quand même prévu de peut-être sortir, au besoin, quelques petits « clips » qui se concentrent sur un passage en particulier du documentaire et l’approfondissent (La séance d’Orgue à Feu avec Michel Mogliat par exemple, la performance à Lièges coupée du documentaire…). Je ne pense vraiment pas revenir sur ce montage, mais plutôt essayer de me concentrer sur un autre projet : on aimerait bien refaire une tournée semblable, mais dans un autre pays ! Maintenant qu’on a essayés le concept, ce serait l’occasion d’aller plus loin, et, pourquoi pas, de proposer un long métrage.
Quels sont tes projets à court et… plus long terme ?
J’aimerais beaucoup pouvoir refaire des projets comme celui-ci ! A côté, je continue mes petits courts-métrages, et mes expérimentations… J’ai beaucoup de scénarios que j’aimerais pouvoir réaliser, dont un sous forme de huis-clos sur une plage. Je prépare également une web-série nommée « Death Blow » qui tourne autour de la BD, et qui me permet d’essayer de nouvelles choses en terme de montage.
Lucien Martin, bio express
J’ai 15 ans, et je réalise des courts-métrages depuis mes 8 ans environ avec deux amis, Valentin Guay qui compose l’ensemble des musiques de nos projets, et Marwan Meziane, qui m’aide dans l’élaboration de scénarios, de storyboard et à la photographie lors des tournages. Ensemble, nous avons monté un petit groupe nommé« Nalu’Films Production ».
Nos courts-métrages sont des expérimentations touchant à différents genres, mais toujours très personnels, comme moyen d’expression de nos problèmes d’adolescents (rejet de soi, peur du temps, pensées et questions diverses…). J’ai réalisé également plusieurs clips, touchant à la peinture ou à la musique.
Nous avons déjà été sélectionnés pour plusieurs concours (avec « Duel », « Vivre »…), et avons étés parmi les gagnants d’un concours régional organisé par Auvergne Rhône-Alpes en Mai dernier avec notre projet « Contraste ».
Pour découvrir le travail de Lucien Martin :
LA VIE EST BELLE : https://www.youtube.com/watch?v=3S_3T_AeLZQ&t=11s