« Double bill » au Transbo dans le cadre du Super Closing qui marque la fin des sessions estivales de la salle villeurbannaise. L’occasion pour le saxophoniste Lionel Martin de proposer un avant-goût de son nouvel album Solo, juste avant le Rhino Jazz, qui promet d’être très original. Et puis Hypnotic Brass Ensemble, les bondissants et auto-proclamés Bad Boys Of Jazz (ils portaient de grandes casquettes logotées BBOJ !), un ensemble de cuivres originaire de Chicago.
Une fin de journée en douceur, idéale pour écouter des musiques singulières. Lionel Martin seul sur scène, c’est quelque chose. Armé de son saxophone Keilwerth et d’une petite table d’effets électroniques, il lance la soirée en invitant le public qui arrive petit à petit face à la scène. L’art de la prestation solo est super exigeant. Il faut garder sa concentration pour triturer les bons boutons, au bon moment, développer les bons effets, se laisser envelopper dans un lightshow multicolore et en jouer… Cette musique est particulière, tour à tour planante, agrémentée de sonorités bizarres (métro parisien, bruits de la cuisine de l’instrumentiste, oiseaux de son jardin…), flirtant avec la techno – quelques jeunes délurés improvisent un mosh pit – ou le krautrock par instants. Martin distille des boucles hypnotisantes, se contorsionne, le public dodeline de la tête.
En fait, cette musique est à l’image du sous-titre de son nouvel album Solo, « Energies multipliées », dont la pochette a été de nouveau confiée à Robert Combas, rien de moins ! Dixit le musicien : « En plein Covid, essayez de chanter, jouer comme un guerrier ». Et les confinements de 2020 et 2021 ont bien prouvé – il le fallait, manifestement – que les arts et la culture étaient essentiels.
Le Hypnotic Brass Ensemble a dépoussiéré la musique de Big Band de façon spectaculaire
Le Hypnotic Brass Ensemble, c’est une dizaine de musiciens, principalement des trompettistes et des trombonistes (et un gigantesque tuba !) accompagnés d’un batteur métronomique à la frappe de maçon et d’un bassiste-guitariste qui a tout assimilé des grooves de James Brown. Ces gars-là ont dépoussiéré la musique de Big Band de façon spectaculaire, notamment en agrémentant leur set de raps furieux et entraînants (« party, party, party ! ». Tous vêtus de blancs, ils ont fière allure. Si les biscottos et les baskets rutilent, la musique, elle, étincelle et sait parler au public de trentenaires-quadras conquis. « Il y a le blues, le rock, le jazz, plein de musiques… En fait, il n’y a que deux types de musiques : la bonne et la mauvaise » clame un des rappeurs, bravache.
Il est vrai que les quelques 200 personnes ont été mis à rude épreuve. Frapper dans les mains, hurler, et puis, par deux fois, un des mecs s’est carrément jeté dans la foule pour se faire hisser à bout de bras. On ne peut qu’être abasourdi par cette débauche d’énergie qui semble inépuisable. Certes, le genre en soi n’est pas nouveau et Keith Elam (aka Guru) avait réalisé une fusion des genres jazz et hip-pop passionnante avec son projet Jazzmatazz au milieu des années 90. Le HBE évolue dans le sillon tracé depuis quelques temps par exemple par Trombone Shorty. De l’énergie, une maîtrise technique certaine et une alchimie évidente avec le public.
Extraits du concert :