L’exposition de Nadine Lahoz Quilez intitulée Si près du lointain scrute le corps dans ses profondeurs biologiques pour traquer l’Être dans ce qu’il a de plus intime. Elle est à voir jusqu’au 15 juin à la galerie caladoise Le 116art.

Daim et broderie - Nadine Lahoz Quilez - Expo 116art juin 19

Artiste « maison », la plasticienne et scénographe continue, avec cette 3e exposition au 116art, son exploration du corps médiateur entre le monde et l’être. Avec des techniques quelque peu surprenantes pour un tel sujet – broderie, couture, tannerie – ou d’autres moins inattendus – photos, dessins – elle donne à ressentir la matière corporelle. Parfois jusqu’à provoquer le trouble.

Dès qu’on entre dans la galerie, on est capté par la vision de longue chevelure noire qui semblent des scalps mais ne sont que du crin cousu sur des formes en plexiglass…

Puis la vision d’un ensemble de 6 photos intrigue plus encore. Ce qui fait penser à des photos d’organes internes prises au microscope est en réalité des pièces de viandes « griffées » par l’artiste.

Sisal, crin - Nadine Lahoz Quilez - Expo 116art - juin 19

Sur un autre mur encore, des coupes de vertèbres s’avèrent être du daim noir brodé de perles colorées, en lieu et place de la moelle épinière… Les broderies sont en fait des taches de Rausch, inspirées du célèbre test de Rorschach utilisé encore aujourd’hui dans certains cas pour l’évaluation psychologique.

Difficile de faire plus clair : les apparences, protectrices, ou autre contraire destructrices quand elles imposent des rôles,  ne sont définitivement pas ce qu’elles paraissent être !  

En allant aussi loin dans sa démonstration l’artiste met à nue l’être intime comme rarement on a pu le faire. Mais bien loin de l’intimisme… Ainsi que l’explique Barbara Satre, historienne de l’art contemporain,  « L’intime dépeint par Nadine Lahoz Quilez pense l’émancipation. Il n’adhère pas au genre littéraire dit « intimiste », genre romantique sur la réalité de l’individu. L’intime traité par l’artiste comme autant de béances, se propose au contraire d’être un terrain d’invention des hybridations, un champ d’exploration des possibles. »

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Emmanuelle Blanchet

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