Brendan Perry était en concert au Ninkasi Gerland le mercredi 13 février. Brendan qui ? La moitié masculine du duo qui compose Dead Can Dance, le mythique groupe de neoclassical, dark wave, world, arty, avant-garde gothic rock. Autant d’adjectifs proposés par wikipedia pour essayer de classifier ce duo qui a connu un succès mondial dans les années 90. Perry le baryton est moins connu que sa comparse contralto Lisa Gerrard, mais un public bigarré d’amateurs s’est pressé dans la petite salle de Gerland. Un événement présenté dans le cadre du programme “40 ans de musiques actuelles à Lyon”.

En première partie, l’ensemble expérimental Tat Resurrectio n’a laissé personne indifférent : il ressemble à un mini-orchestre de chambre baroque avec ses deux guitares sèches, son violoniste, et sa chanteuse, tous de noir vêtus. On sent cependant une tension sous-jacente imperceptible. Leur interprétation du fameux opus 100 de Schubert – dont Kubrick s’est servi dans Barry Lyndon  – est proposée avec grâce. Le maniérisme du guitariste-chanteur Laurent Aureche, raide comme la justice, est saisissant. Avec “Requiem”, on sent qu’il se passe quelque chose de spécial : il se mue soudain en une furie vociférant une mélopée ténébreuse digne d’un chanteur de doom metal, tandis que son comparse (“le Chiffre”) actionne une sirène et que la chanteuse Nevah fait mine de marteler un immense bodhrán (tambour gaélique). L’ambiance est un brin glauque mais les applaudissements nourris.

Brendan Perry

Puis Brendan Perry entre sur scène à 20 heures 30 précises. Accompagné du bassiste Richard Yale et de la claviériste Astrid Williamson, lui-même jouera de 4 guitares électriques et acoustiques pour accompagner son chant ténébreux. Les spectateurs – une majorité de quinquas qui ont sans doute été bercés par sa voix enveloppante tandis qu’ils tiraient sur un bedo dans les années 90 – applaudissent chaleureusement le chanteur britannique, désormais chauve comme un bonze et dépourvu de sourcils. Perry égrène des compositions de facture folk-rock classique, plus abordables de prime abord que celles, atmosphériques, du célèbre duo précité. La voix est tour à tour puissante, moelleuse ou pointue comme du cristal. Parfois, il se lance dans des vocalises aériennes. C’est joli à entendre mais un peu monotone.

Au bout d’une heure et quart, c’est fini. Le trio se retire… pour mieux revenir. Il y aura trois rappels, pour pile une heure trente de concert. Le public semble ravi et quasiment en transe. Il a été gâté en 2018 : Dead Can Dance a sorti un nouveau disque (“Dionysus“) après 5 ans de silence. Perry, quant à lui, n’a rien produit en solo depuis 2010 mais un album est annoncé pour l’automne. Sa camarade, pendant ce temps, a composé de nombreuses musiques de films et multiplié les expériences scéniques souvent marquantes.

Le scribe, quant à lui, s’est un peu ennuyé ce soir. Du coup, il va se replonger dans la discographie de Dead Can Dance, peut-être avec un bon whiskey. A chacun son kif.

Reportage de Patrick Ducher

Un extrait du concert :

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