Feel of Floyd, tribute band incontournable pour les fans des Pink Floyd était de retour en concert les 11 et 12 mars à Saint-Maurice de Beynost. Patrick Ducher, auteur de Pink Floyd en France était dans son élément. Il nous livre son compte rendu du spectacle.

Retrouvailles avec les Feel Of Floyd, qu’on avait laissés en février 2020 à Vonnas (01), à l’occasion du tout dernier concert avant le premier confinement. La crise sanitaire a impacté le monde de la musique – de la culture en général – dans les conditions que l’on sait. C’est donc avec un peu d’appréhension que je retrouve le groupe dans la petite salle (capacité 100 places) du centre socioculturel Artémis à Saint-Maurice de Beynost au nord-est de Lyon. Le groupe avait joué vendredi soir et remettait donc le couvert dès le lendemain. Le public restreint, composé d’amis, de membres des familles et de connaisseurs va de 30 à 70 ans environ.
Julien (chanteur-clavier) me confie avant le concert qu’il est réconfortant de remonter sur scène, mais que trouver des dates est parfois compliqué. Il ressent une certaine réserve de la part des lieux culturels qui ont encore du mal à se relever des deux ans passés. C’était pourtant le second passage à Artémis. Feel of Floyd a connu un changement de lineup a dû intégrer un claviériste, deux choristes et un saxophoniste. D’autre part, la veille, Xavier, le bassiste, a déniché un ami pour remplacer « au sax levé » un musicien malade. Malgré cela, ils ne laissent transparaître aucun stress avant concert alors que nous papotons dans l’entrée.
Le son est excellent, bien calibré aux dimensions de la salle. Les premières notes de Shine On sortent de la guitare de Nicolas et l’émotion prend d’entrée de jeu à la gorge. « Remember when you were young, You shone like the sun… You were caught on the crossfire Of childhood and stardom” larmichette garantie. La première partie oscille entre ambiances aériennes (Time, Us & Them…) seventies et des parties très incisives (Coming Back To Life, Sorrow…). Pas vraiment de surprise, mais une efficacité redoutable pour capter l’attention des fans avertis.
Feel Of Floyd, un Great Gig époustouflant
Lorsque résonnent ces fameuses notes de clavier, je retiens mon souffle : comment interpréter Ze morceau casse-gueule par excellence ? C’est le dilemme de toutes les choristes qui se sont frottées au Great Gig In The Sky. Forcer la glotte et envoyer du bois ? Faire dans le sensuel ? Transmettre le relais à chaque solo ? Surprise, Emilie et Mélanie se lancent simultanément. Elles tentent la version des Lucius, de la tournée Us & Them avec Waters !
Le défi est de taille, car les fans ayant entendu cette interprétation en live – c’est le cas du scribe, à la Halle Tony Garner de Lyon en 2018 – considèrent souvent cette interprétation comme étant la plus aboutie. On sent une très grande complicité entre les deux filles : la gestuelle, les mouvements de hanches, les regards. Cela se ressent énormément, même quand il faut susurrer pour donner la petite touche glam à certains passages. Que dire ? Elles sont justes parfaitement à l’unisson et le public ne s’y est pas trompé en applaudissant à tout rompre. Mélanie, enceinte, doit accoucher en mai. Elle m’a confié que cela a évidemment un impact sur son chant, que l’effort est décuplé, ce que confirme Emilie qui a déjà vécu cette situation au sein des Best of Floyd. Les deux collègues – qui se produisent sous le nom de Emelia Rose – mûrissaient ce moment depuis plusieurs années.
Une setlist efficace, mais sans animaux
Les titres s’égrènent. Le répertoire est classique et puise parmi les plus grands succès des Floyd. Impasse sur Wish You Were Here (le morceau), mais l’intégration de Astronomy Domine est très réussie. Standing ovation sur un Coming Back To Life de circonstance. Les paroles “Where were you when I was burned and broken? While the days slipped by from my window watching” résonnent comme un appel au public, pourtant bien présent ce soir.
Bien sûr, tout n’est pas parfait. Un gros « pain » à l’entame de Have a Cigar pour Nicolas qui connaîtra par la suite un souci de jack. Néanmoins, aucune panique, il assure et reçoit les encouragements bienveillants du public. The Wall tient une grande part de leur répertoire : Is there anybody out there ? Another Brick sont accueillis avec ferveur. Young Lust – joué en rappel avec Run Like Hell – est particulièrement pêchu. Quant à l’immanquable Comfortably Numb, je l’écoute les yeux fermés pour en ressentir chaque vibration.
Laissant traîner mes oreilles, j’entends un ou deux grincheux grommeler « Il n’y avait pas Wish You Were Here, ni High Hopes ». Certes, et aucun titre de Animals, pourtant fabuleux à Viriat en 2019 dans une salle survoltée. Impossible de plaire à tout le monde.
À la rencontre du public
C’était la première rencontre du scribe avec un public, qui a pu échanger avec des passionnés. Un ancien, arborant un sweat-shirt Dark Side – est aux anges quand son amie lui offre Pink Floyd en France. « Je les ai vus à Grenoble. Le ciel était tellement noir qu’on a cru qu’il allait y avoir une tempête ». Je lui montre le témoignage du dit concert dans le livre et je le sens ému. Amusant : le surnom qu’il me demande d’inscrire en dédicace est « le Squale ». Échange charmant avec Christian, le papa des frères Ferrand, Pierre-Victor et Julien, respectivement batteur et clavier-chanteur. Explication sur la signification du mot Pink Floyd avec une dame (« Je ne connais que The Wall »), mon spot étant situé stratégiquement face à la buvette, la communication se fait facilement.
Merci aux Feel of Floyd et à Michel (Artémis) pour l’accueil. À suivre avec de grands espoirs.
Texte : Patrick Ducher – Photos : Pauline Desormière