Les Grands Moulins Seigle, entre friche industrielle, zone artisanale et ateliers d’artistes
A la frontière de Villefranche et Gleizé se trouve un endroit étrange, entre friche industrielle, zone artisanale et ateliers d’artistes : les Grands Moulins Seigle. Propriété de l’Agglo Villefranche Beaujolais depuis 2005, le lieu abrite aussi plusieurs associations et depuis peu une radio locale, Radio Calade. Petite visite.
C’est aux environ de 1865 que Pétrus Seigle installe une importante minoterie dite Minoterie des Grands Moulins, le long du Morgon à l’emplacement d’un ancien moulin qui appartenait une certaine famille Tircuy de Corcelles. Elle devient la seconde de France après celle de Corbeil en région parisienne. A la fin du siècle, elle emploie 80 personnes pour une production de 800 quintaux journaliers. Mais ce n’est qu’à partir de 1911, qu’elle prend officiellement le nom de Grands Moulins Seigle. Après la Première Guerre Mondiale, les affaires périclitent. En 1919, M. Gournoux propriétaire d’un petit moulin à Saint-Didier-sur-Chalaronne la rachète. Il la modernise en ajoutant, en 1931, des silos cylindriques en béton d’une capacité de 20 000 quintaux. Les bâtiments occupent alors 6 000 m². L’activité de meunerie de l’établissement des Grands Moulins Seigle cesse en 1971 pour devenir un parc d’activité, d’abord géré par Jacques Gourmoux, puis à partir de 2005, par l’Agglo qui rachète l’endroit.
Dès avril 1994, un premier artiste, le dessinateur Jean-Claude Durand-Boguet, installe là son atelier. Quelques années plus tard, en 2006 le peintre Zwy Milshtein quitte Paris, à la recherche d’un nouvel atelier et aboutit un peu par hasard aux Grands Moulins. Il sera suivi quelques mois plus tard par le peintre lyonnais Jean-Philippe Aubanel, puis en 2008 par le plasticien David Wolle, dont on peut voir quelques unes des œuvres actuellement au Musée Dini dans le cadre de l’exposition Abstractions.
De multiples activités d’artisanat d’art, péri-artistiques ou culturelles
Autour de ce noyau s’agglomèrent de multiples activités d’artisanat d’art, péri-artistiques ou culturelles : Fées Maisons/Gris patine, qui propose du relooking de meubles et de cuisines, l’atelier d’espace créatif Labo GM, qui permet aux petits et grands de s’initier au cinéma d’animation, l’atelier Alma spécialisé dans la gravure artistique et la création d’estampes originales, Embarquements Créatif et les P’tits Cuistots qui proposent des activités destinés aux enfants, l’atelier Calad Mayumba Couture d’Annie Roux ou encore la compagnie de théâtre Intrusion.
Ces derniers mois, ils ont été rejoints par le photographe d’art Dominik Fusina, qui a trouvé là le lieu qu’il cherchait depuis longtemps pour installer un studio digne de ce nom, par Guillaume Fichet, sculpteur sur bois, Jean-Christophe Forestier, architecte d’intérieur, et les potières Dominique Hermann et Valérie Robinet-Berlier.
Enfin, début mai, Radio Calade a quitté son studio historique de la Porte de Belleville pour de lumineux locaux aux Grands Moulins.
Curieusement, il ne semble ne pas y avoir de réelle volonté de favoriser ces installations et cette émulation, qui se fait d’une manière un peu sauvage et naturelle… Faute de moyens. Après tout est-ce si important ? Le lieu, vaste – plus de 6300 m2 bâti sur un terrain de plus de 18700 m2 – est habité au sens propre comme au figuré et il mérite amplement le détour.
Emmanuelle Blanchet
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