Superspectives, festival de musique contemporaine proposé par Camille Rhonat et François Mardirossian du 18 juin au 11 juillet, accueillait pour la 3ème soirée consécutive le saxophoniste Lionel Martin dans le cadre enchanteur de la Maison de Lorette, un lieu inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques qui fêtait justement ses 500 ans. Reportage de Patrick Ducher

Il est 18 heures, un samedi. Des chaises, des tables sont disposées sur le gazon, des enfants se vautrent sur des coussins, vont et viennent. Le public a une vue spectaculaire sur Lyon et les buildings de la Part-Dieu. Il fait bon, une atmosphère propice à la rêverie pour écouter les improvisations de Lionel Martin.

Chaque soirée avait un thème particulier pour lui. Celui de jeudi s’intitulait “Insurgé !” (solo sur les chants révolutionnaires du monde), vendredi c’était “Je est un autre”, en première partie du concert de Chassol. Samedi, “Paysages intérieurs” fit écho à la musique de feu le pianiste belge Dominique Lawalrée, dont les spectateurs purent écouter les œuvres diffusées dans les haut-parleurs avant le concert. Le titre était parfaitement bien choisi pour décrire cette ambiance intimiste. C’est donc confortablement installé dans un sofa face à l’artiste que le scribe a pu rêvasser et se laisser bercer par les samples enregistrés dans divers lieux (un atelier de tissage, sa cuisine…) et les sons saccadés du saxo.

Lionel Martin bidouille ses pédales d’effets pour tirer des sons inattendus de ses saxophones

En effet, Lionel Martin bidouille ses pédales d’effets pour tirer des sons inattendus de ses saxophones, jonglant parfois avec deux instruments en même temps. Comme toujours, le musicien fonctionne à l’énergie. Tantôt il se contorsionne, il frappe ses bottines sur l’estrade, puis il triture les boutons de son appareillage pour créer des boucles. Il tombe la veste et le voilà en marcel pour la suite du concert. On le sent heureux de retrouver le public lyonnais.

Au milieu de morceaux plutôt “free” se glisse “El pueblo unido jamás será vencido”, le fameux chant révolutionnaire chilien, que Lionel avoue avoir oublié lors de la première soirée. Il a très récemment repris les performances : D’Jazz Nevers le 11 juin, puis le Hangar 717 de Villefranche le lendemain, apparition sur la péniche Nova Lyon avec le beatmaker Twani pour la fête de la musique. Il enchaînait dimanche au lever du soleil juste au-dessus du théâtre antique de Vienne, dans le cadre du festival de Jazz avant de partir au festival d’Avignon accompagner Maxime Dambrin et le spectacle “Le pied de Rimbaud”. La liste complète des dates est sur son site : lionelmartin-sax.fr

Connexions, son duo avec le batteur Sangoma Everett – accompagné pour l’occasion du danseur Abdou N’Gom et de l’illustrateur Benjamin Flao – fut le dernier spectacle vivant auquel j’ai assisté en 2020. “Il y a pire que devoir se lever tôt pour jouer la musique qu’on aime” me confiait Lionel après sa performance. Déjà auréolé de critiques dithyrambiques pour l’album “Figures” du quartet Palm Unit (dans lequel il joue aux côtés de Fred Escoffier aux claviers, Jean Joly à la basse et “Pipon” Garcia à la batterie – chez Ouch ! Records), on attend impatiemment son 2ème album solo, intitulé tout simplement “Solos 2”.

Et maintenant, je retourne à mes rêveries.

Des extraits de la soirée :